Des gels à la sécheresse en passant par des difficultés côté phytosanitaire et des rendements légèrement en baisse: 2021 tire son épingle du jeu avec une superbe promesse

Millésime 2021 : la promesse de l’élégance et de la souplesse en dépit de la sécheresse

Cette année a demandé encore toute l’attention des vignerons corses. Au programme : printemps gélif, été sec, ravageurs perfides … mais au final, en dépit des éléments en lien avec les aléas du climat, 2021 pourrait s’avérer d’une qualité exceptionnelle.

Au commencement : la Corse scindée en deux par le gel

  • Les vignobles du sud (Figari, Sartène, Porto-Vecchio) ont subi de plein fouet l’épisode de gel du 7-8 avril provoquant des dégâts considérables (-6°C à -7°C par endroits !). Ce phénomène revêt un caractère récurent dans les zones gélives et ce, depuis 4 à 5 ans. Les vignes du centre et d’Ajaccio (localement) furent également concernées.
  • Au nord (Balagne, Côte Orientale, et Patrimonio dans une moindre mesure), les vignes ont été épargnées en dépit du froid printanier qui a fortement ralenti la végétation.

 

Puis, la sécheresse persistante

C’est une des caractéristiques emblématiques de l’année : hormis quelques timides averses à la mi-juillet, la Corse a connu une période de sécheresse de près de 4 mois, entre mi-mai et fin septembre.

Courant août, certaines vignes affichaient déjà, quelle que soit la région, des feuillages secs, épuisés, suscitant déjà l’inquiétude des producteurs vis-à-vis des rendements à venir.

Egalement, des disparités côté sanitaire

Le calendrier phytosanitaire était plutôt serein jusqu’en août et la campagne se déroulait alors sans véritable accroc majeur.

Certes, les pluies d’avril et mai avaient favorisé un mildiou parfois difficile à maîtriser, et ce jusqu’à la récolte, engendrant alors des pertes. Mais, dans l’ensemble il fut bien contenu. De même que l’oïdium, et que les cicadelles des grillures terrorisant à l’avance plus d’un viticulteur !

A l’approche de la récolte, tout allait donc bien … C’était sans compter sur la pyrale des agrumes, discrète jusque-là, qui sut se montrer une fois de plus très agressive et sournoise. C’est l’extrême sud (en particulier sur Sciaccarellu) qui en a surtout fait les frais, ainsi que Sartène et Ajaccio (Niellucciu) à moindre échelle.

Et, des rendements en baisse de 10 à 15%…

L’un dans l’autre, entre le gel et la pyrale, des exploitations ont connu des baisses de rendement, sur blanc comme sur rouge, de l’ordre de 30% à 40%, voire plus.

Ailleurs, c’est la sécheresse qui a limité les volumes, y compris, parfois, dans le cas de vignes irriguées ! Les rentrées précoces laissaient présager des pertes importantes (flétrissement sur Sciaccarellu, coulure sur Grenache, peu de jus sur Merlot…), mais les Vermentinu et Niellucciu ont par la suite affiché de bons résultats.

Globalement, si la majorité des régions viticoles continentales a connu des pertes historiques en volumes – gel généralisé, mildiou, grêle, inondations et même incendies – la Corse a  dans l’ensemble obtenu en fin de campagne des volumes corrects, avec 10% à 15% de baisse par rapport à 2020.

Pour des vins prometteurs !

Les récoltes se sont échelonnées du 20-25 août à fin septembre. Au chapitre des difficultés au chai, il est noté :

  • Des difficultés d’extraction des jus pour les cépages précoces (Côte orientale) et les blancs (sud).
  • Des fermentations (alcoolique et/ou malolactique) languissantes si les moûts n’étaient pas complémentés en azote, surtout sur les jus à fort degré. Cette carence inhabituelle en azote est probablement due à la sécheresse avant et pendant la maturation. Ce paramètre doit être pris en compte à l’avenir…

Mais de l’avis général, la qualité est au rendez-vous, quelle que soit la couleur.

  • Les degrés sont très satisfaisants et les vins présentent un bel équilibre alcool /acide, en dépit des acidités élevées en début de récolte.
  • Les aromes sont agréables, expressifs. Si certains Sciaccarellu affichent parfois des couleurs peu soutenues, les rouges ont atteint majoritairement une maturité phénolique aboutie, avec des tanins qualitatifs et bien mûrs.

 

En conclusion, 2021 est un superbe millésime, élégant dans toutes les couleurs, concentré, où les arômes présentent de la finesse, les vins sont harmonieux et les tanins des rouges particulièrement soyeux.