Millésime 2025 : contrasté d’une région à l’autre mais très réussi à l’échelle de la Corse !
19 décembre 2025A la mi-été, le millésime 2025 s’annonçait sur la même temporalité que le précédent.
Les premières récoltes ont d’ailleurs commencé à la même époque, c’est-à-dire début août. Puis, les contrôles de maturité ont mis en évidence une forte dynamique de maturation sur tous cépages, et tout particulièrement sur Sciaccarellu.
Les situations au vignoble sont toutefois apparues très disparates, bien plus qu’à l’accoutumée.
Dans le Sud et en Balagne, l’année fut plutôt très chaude, avec un déficit hydrique présent (Arrêté préfectoral N°2A-2025-07-17-00002 du 17 juillet 2025 portant sur le passage en niveau d’alerte sécheresse du département de la Corse-du-Sud), les vendanges se sont quasiment terminées fin août. Restaient quelques parcelles de Carcaghjolu neru, Minustellu, Grenache, Cinsaut et Niellucciu dont la maturité est allée très vite et qui ont été récoltées rapidement.
A Patrimonio, le millésime tempéré et le déficit hydrique moyen ont profité aux raisins de Niellucciu qui ont bénéficié d’une belle maturité technologique. L’état sanitaire très satisfaisant a permis de patienter pour que l’acidité bien marquée chute et que la maturité polyphénolique soit optimale.
En Côte orientale où l’année a été chaude avec un déficit hydrique jugé moyen, les raisins, plus abondants qu’ailleurs, ont parfois mûri plus lentement.
Dans certains cas, à mi-récolte, début septembre : la moitié des Niellucciu et Vermentinu affichaient un degré potentiel inférieur à 12% Vol., et la moitié des Sciaccarellu inférieurs à 13% Vol. C’était aussi le cas de nombreux Grenache, Syrah, Cinsaut et Carcaghjolu neru.
Globalement, les conditions climatiques se sont donc montrées plutôt favorables au bon déroulement de la maturation. En dépit des chaleurs et du bel ensoleillement de juin, la vigne a bien résisté.
Deux épisodes pluvieux se sont manifestés mi et fin juillet, jusqu’à 40 mm (en cumulé) au nord de la côte orientale, ainsi que des pluies salvatrices à partir de la troisième d’août, supérieures à 10 mm à 20 mm, à Calvi, Patrimonio et à nouveau en côte orientale.
Les composantes acides, très correctes à élevées, sont supérieures aux niveaux de 2024 pour des raisins qui, à titre d’exemple fin août, affichaient pourtant des degrés potentiels inférieurs de 1%Vol.
Les acides maliques suivent cette tendance, avec en moyenne 1.4 g/L pour le Sciaccarellu, 1.8 g/L pour le Niellucciu et 2.0 g/L pour le Vermentinu, cépage habituellement sensible à sa dégradation.
De fortes teneurs en polyphénols ont été quelquefois signalées, elles ont perturbé des débourbages et l’extraction de la couleur des rosés qui a quelquefois tendu vers le jaune.
Au final, les concentrations en acides sont en moyenne supérieures de 0.5 g/L à celles de 2024, avec des maturités saccharimétriques et polyphénoliques beaucoup plus abouties.
Sur l’ensemble du territoire, les vins du millésime 2025 sont plutôt très réussis : les blancs et rosés présentent de beaux arômes fruités et floraux, ils conjuguent acidité, fraîcheur, tension, alcool, volume et concentration.
L’expression des rouges n’en est pas moins remarquable : les couleurs sont chatoyantes, les tanins présents et soyeux, la structure élégante. Très équilibrés, les rouges corses ont tiré parti du millésime et montrent un formidable potentiel.
En conclusion, 2025 est certainement l’un des millésimes les plus séduisants de ces dernières années.
Nathalie Uscidda, Directrice générale du CRVI
Gilles Salva, Directeur du pôle végétal du CRVI