2020, un millésime acrobatique : des conditions périlleuses pour finalement atteindre l’équilibre.

On le prédisait précoce au moment de la véraison mais c’est finalement le millésime le plus tardif de ces vingt dernières années…2020 est marqué par des disparités inter régions et au sein d’une même région. Et ce, à tel point, qu’il est difficile de tirer des généralités pour ce millésime qui s’est avéré aussi compliqué qu’inédit..

  • L’hiver 2019-2020, très doux et sec, a favorisé un réveil de la végétation exceptionnellement précoce, certaines parcelles ont débourré en février ! Ainsi, au printemps, le cycle végétatif de la vigne montrait une avance d’environ deux semaines sur une année moyenne.

Cette période a également été marquée, du 20 avril à début juin, par des épisodes orageux réguliers qui, avec des précipitations parfois abondantes localement, ont été propices au mildiou quel que soit le secteur. Néanmoins, hormis des défauts ou des difficultés de protection sanitaire, le caractère épidémique n’a pas pris l’ampleur de celui vécu en 2018.

Concernant l’oïdium, après une montée en puissance en juin/juillet dans le nord de l’île, il a été dans l’ensemble maîtrisé assez correctement en dépit des attaques virulentes qu’il a pu infliger localement en fin de saison.

La pyrale des agrumes qui avait causé tant de dégâts les deux millésimes précédents, s’est montrée peu offensive.

Au niveau phytosanitaire, le millésime 2020 a surtout été marqué par  des attaques fulgurantes de cicadelles vertes.

  • Tandis que le millésime s’annonçait donc plutôt précoce, avec une semaine à dix jours d’avance à la véraison, un ralentissement progressif de la maturation s’est manifesté dès le mois d’août. Ce phénomène, résultat de la conjonction de plusieurs facteurs, s’est amplifié en septembre et a impacté pratiquement toutes les régions viticoles.

La côte orientale fut particulièrement touchée, notamment dans la zone Aleria/Saint Antoine/Ghisonaccia, avec des attaques spectaculaires de cicadelles vertes (dites « cicadelles des grillures ») qui ont fortement impacté le feuillage.

Des orages fin août-début septembre et la charge en raisin parfois excessive, ont sans doute contribué à aggraver la situation.

La maturation a ainsi traîné en longueur et titres alcoométriques potentiels (TAP) et acidités sont restés plus modestes qu’en 2019, mais le niveau global de la récolte en termes de ratio sucres / acidités s’est montré satisfaisant.

C’est le cas de la côte orientale où les rendements sont en hausse avec des degrés atteints moyens (y compris pour les cépages précoces) et des acidités correctes,et de la Balagne qui a su tiré son épingle du jeu même si les raisins se sont avérés un peu moins concentrés qu’en 2019.

Les autres vignobles, avec plus ou moins de déconvenues sont finalement tous parvenu à atteindre leurs objectifs de maturité.

Concernant les rendements, la production est en hausse et le niveau général est satisfaisant, largement supérieur à celui du millésime précédent qui était somme toute modeste.

A ce stade d’élaboration, les vins sont en phase d’achèvement de la fermentation malo-lactique ou en cours d’élevage. Il est encore difficile de se prononcer mais beaucoup de vinificateurs s’accordent sur la belle expression aromatique des vins blancs et rosés. Les nez sont plutôt exubérants même si certains cépages le sont plus que d’autres en fonction de leur potentiel, les couleurs sont jolies, les rosés sont francs, plutôt clairs, sans trop de reflets orangés. La maturité phénolique des cépages noirs permet la production de vins rouges nets et plaisants dont la structure est séduisante.

 

Sur l’ensemble du vignoble, l’équilibre des vins, toutes couleurs confondues, est très prometteur.