2022, l’ascenseur émotionnel climatique a tout de même abouti à une qualité plus que satisfaisante

Alors que la végétation connaissait un réveil tardif, les chaleurs printanières et estivales ont finalement contribué à un millésime plus précoce d’une dizaine de jours par rapport à 2021 avec une campagne de vendanges étendue, qui a duré quasiment deux mois. Le bilan sanitaire est plutôt correct, la production moyenne plutôt en hausse (5 à 8 % selon les régions exceptés Ajaccio et la Balagne), la qualité des vins au rendez-vous (en dépit d’une certaine hétérogénéité selon les exploitations).

Un millésime marqué par une sécheresse inédite dès le printemps et des pluies au moment de la récolte

Les effets de la sécheresse -quasi absence de précipitation de début mai aux environs du 10 août- se sont accentués sur les parcelles faiblement chargées. Ces parcelles-là ont d’ailleurs mûri très vite… Courant août, certaines vignes affichaient déjà, quelle que soit la région, des feuillages secs, épuisés, souvent accompagnés de flétrissement des baies, suscitant l’inquiétude des producteurs vis-à-vis des rendements à venir et de possibles blocages de maturité.

Les pluies, qui se faisaient attendre, se sont d’abord manifestées en Balagne, Côte orientale, et Sartenais pour se répandre progressivement à toute la Corse jusqu’à mi-septembre, certaines fois avec insistance, débloquant bienheureusement certaines maturités.

Quelques régions ont connu localement jusqu’à 100 mm cumulés, accompagnés ou non de grêle (Balagne et dans une moindre mesure Patrimonio et Côte orientale).

Le pire allait se produire au matin du 18 août sur la côte ouest, avec un phénomène climatique d’une intensité jamais vue : une tempête dévastatrice et inopinée qui provoqua des dommages agricoles, matériels, et surtout humains.

Dans l’ensemble des raisins sains

Hormis pour des parcelles à problèmes historiques ou en défaut de protection, les maladies furent bien contenues. De même, la cicadelle des grillures et la pyrale des agrumes se sont fait plus discrètes que lors des millésimes précédents, même si la pyrale n’a pas pu s’empêcher de provoquer quelques dégâts tardifs sur Nielluciu dans le sud.

Notons que les pluies à répétition en fin de parcours ont entraîné des foyers de pourriture sur des Vermentinu tardifs et des Niellucciu.

 

Des rendements en hausse mais des disparités régionales

Les récoltes se sont échelonnées de début août à fin septembre. Les situations sont hétérogènes selon les régions, les cépages, la présence d’irrigation ou non… Même si la taille des baies est apparue inferieure, les rendements moyens sont toutefois supérieurs à ceux de 2021.

Le Sciaccarellu – en particulier dans le Sud et en Balagne – semble encore une fois affecté par l’absence de pluies et la chaleur : petites baies, flétrissement, rendement en jus plus modeste. Le Niellucciu supporte mieux la sècheresse. Pour le Vermentinu, tous les cas de figure se sont présentés.

Globalement, les volumes atteints sont corrects, avec en moyenne 5 à 8 % de production supplémentaire comparé à 2021, millésime qui présentait un déficit de 10% par rapport à 2020.

La qualité au rendez-vous quelle que soit la couleur

Au vignoble, le déclenchement des récoltes a quelquefois souffert de maturités hétérogènes au sein des parcelles, même si les niveaux atteints étaient corrects.

En cave, certaines fermentations (alcoolique et/ou malolactique) ont eu du mal à s’achever si les moûts n’étaient pas complémentés en azote, particulièrement ceux à fort degré et les Vermentinu.

La difficulté de la conduite des vinifications en 2022 a résidé dans le maintien des équilibres acides car les taux d’acide malique étaient souvent bas, notamment sur Vermentinu. Les cépages acides ont tiré leur épingle du jeu.

Toutefois de l’avis général, les objectifs ont été plus qu’atteints et au final les vins présentent un bel équilibre alcool /acide. Les vins rouges sont souples avec de la matière et de jolies couleurs. Les blancs et rosés sont harmonieux. Tous les vins présentent de beaux aromes et de la longueur.

 

Le CRVI tient à remercier chaleureusement les différents acteurs qui ont contribué à ce travail de synthèse, à commencer par ceux qui lui ont aimablement mis à disposition les résultats des contrôles de maturité des différents vignobles : la Chambre d’Agriculture de Haute Corse, les laboratoires 20oenologie conseil et Vignes&Vins Consultants, les caves coopératives d’Aléria et de la Marana, de Saint Antoine de Ghisonaccia, le domaine Comte Peraldi, le clos Capitoro et le domaine de Granajolo.

Sans oublier les viticulteurs et techniciens qui ont nous ont fait part de leurs observations au cours de différents échanges.

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